Découvrez le Sceau Concilivi, LA reconnaissance en conciliation famille-travail
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15 août 2024
Faire les emplettes pour son voisin âgé. Accompagner son père à ses rendez-vous médicaux. S’occuper de son enfant handicapé. Aider son frère en perte d’autonomie avec ses opérations bancaires et la prise de rendez-vous médicaux... La proche aidance peut prendre de multiples visages, explique Maude Viger-Meilleur, CRHA, chargée de projet, conciliation proche aidance-travail chez Concilivi. « Plusieurs mythes circulent à ce sujet. Par exemple, on croit à tort qu’il faut habiter avec la personne ou être un membre de sa famille pour être considérée comme une personne proche aidante. »
Adoptée en 2020, la Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes ratisse beaucoup plus large dans sa définition pour inclure toute personne apportant un soutien à un ou plusieurs membres de son entourage présentant une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre. Cette aide peut être continue ou ponctuelle et s’échelonner à court ou à long terme. « De plus, on peut être considérée comme une personne proche aidante, peu importe son âge, son milieu de vie ou la nature du lien affectif avec la personne aidée », ajoute Maude Viger-Meilleur.
Cette situation demeure encore largement méconnue et mal comprise, alors que 35 % des personnes proches aidantes ne se reconnaissent pas comme telles, selon les données compilées par l’Enquête sur la proche aidance au Québec 2022 de l'Appui, un organisme spécialisé dans cette réalité. Ces fausses perceptions amènent les organisations à croire à tort que cela ne concerne pas les membres de leur équipe.
Loin d’être une situation marginale, 35 % de la population québécoise consacre une heure ou plus par semaine au soutien d’une personne de leur entourage, selon les données de l’Appui. Cet accompagnement peut prendre différentes formes, telles que le transport, l’aide aux soins personnels et aux travaux domestiques, le soutien émotionnel, ou l’organisation des soins de santé.
Ce rôle n’est pas exclusivement réservé aux personnes retraitées, selon l’étude. En fait, 46 % des personnes proches aidantes travaillent à temps plein et 11% à temps partiel. Un tiers de ces aidants et aidantes consacre même 20 heures et plus par semaine au soutien de leur proche, tout en occupant un emploi à temps plein.
Cette double responsabilité n’est pas sans conséquences sur les travailleuses et les travailleurs, alors que le stress de tout concilier est très élevé, note Maude Viger-Meilleur. Les risques d’épuisement s’avèrent donc réels, ajoute-t-elle. Sans compter que de nombreuses personnes proches aidantes ne se sentent pas en droit de demander des aménagements à leur employeur. « Certains vont aussi réduire leurs heures de travail, refuser une promotion, multiplier les absences ou même quitter prématurément le marché du travail, car l’équilibre entre ces deux rôles est trop difficile à maintenir. »
Malgré ces obstacles, le travail peut s’avérer bénéfique pour les personnes proches aidantes, qui y voient un répit ou une opportunité de réalisation personnelle tout en assurant leur santé financière. Il est donc crucial que les organisations prennent conscience de ces défis et se montrent conciliantes. « Rares sont les entreprises fermées à cette réalité, mais plusieurs ne sont pas conscientes de ces problématiques », fait valoir la chargée de projet.
Toutefois, le simple fait de se montrer ouvert(e), d’établir un dialogue et de reconnaître cette situation permet de légitimer cette réalité et ses effets.
C’est d’ailleurs pour sensibiliser les employeurs à ce double rôle que l’équipe de Concilivi a lancé, en 2023, un projet-pilote portant sur la conciliation proche aidance-travail. À travers plusieurs cohortes, dont l’une sera lancée à l’automne 2024, une trentaine d’organisations seront accompagnées gratuitement afin d’adopter des pratiques favorisant la conciliation famille-travail (CFT) et la prise en compte des responsabilités de proche aidance.
En effet, de nombreuses initiatives peuvent bénéficier autant aux parents qu’aux proches aidants. Néanmoins, certaines personnes n’osent pas demander l’aide de leur employeur, ni même utiliser les mesures de CFT déjà en place, par crainte d’être jugées, d’être perçues comme un fardeau ou de perdre des opportunités, indique Maude Viger-Meilleur. « Sans obliger les personnes proches aidantes à se dévoiler, il est crucial pour les organisations de poser des actions afin de créer un climat favorable aux discussions entourant la proche aidance. Même si certaines situations peuvent nécessiter des accommodements sur mesure, il est préférable d’éviter une approche cas par cas, qui obligerait les employé(e)s à négocier des aménagements à chaque fois et entrainerait des défis de gestion. Pour cette raison, il est recommandé que les organisations formalisent leurs engagements et mesures à travers une charte de conciliation famille-travail. »
Les employeurs peuvent aussi réfléchir aux modalités de ces initiatives, pour s’assurer qu’elles soient utiles tant aux parents qu’aux proches aidants. La chargée de projet cite en exemple la flexibilité d’horaire, qui peut s’adapter aux horaires de la garderie tout comme à l’accompagnement médical d’une personne proche. « La création d'une banque de congés pour cas de force majeure, permettant de s'absenter en cas d'imprévus sans devoir puiser dans ses jours de vacances ou de maladie, pourrait également être envisagée. »
Service de traiteur sur le lieu de travail, congélateur sur place permettant d’acheter un repas, groupe d’entraide ou de soutien pour les proches aidant(e)s, organisation de conférences sur le rôle de ces accompagnateurs(-trices), télémédecine, service de répit : les employeurs peuvent mettre en place toute une panoplie de mesures pour alléger le quotidien des leurs employé(e)s. « On incite toutefois les employeurs à prendre le pouls de leurs équipes, pour bien comprendre leurs besoins. »
Avec le vieillissement de la population et l’érosion des services de santé et sociaux, le nombre de personnes proches aidantes risque de continuer d’augmenter. Dans ce contexte, il est crucial pour les organisations de mettre en place des environnements de travail bienveillants qui permettent de s’adapter à cette réalité. « Dans le contexte de pénurie, les employeurs ont donc avantage à se montrer ouverts à ces réalités pour favoriser l’engagement et la fidélisation de leurs équipes », résume-t-elle.
33 % des personnes proches aidantes craignent les impacts négatifs sur leur carrière si elles révèlent qu’elles ont ce type de responsabilité
38 % ont le sentiment que leur réalité est mal comprise de leur employeur
37 % estiment, à tort ou à raison, que celui-ci est peu ouvert à offrir des accommodements
Pour en savoir plus sur l’accompagnement gratuit offert par Concilivi en matière de conciliation proche aidance – travail : https://www.concilivi.com/fr/conciliation-proche-aidance-travail