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Déconstruire les 5 mythes du retour au travail après un congé parental

Par Amélie Mongrain, Ella Conseils, fournisseur de services Concilivi

Déconstruire les 5 mythes du retour au travail après un congé parental 

Chaque année au Québec, naissent plus de 80 000 bébés¹. Ce qui signifie qu’autant de parents partent en congé parental pour prendre soin de leur enfant. Considérant que le régime québécois d’assurance parentale couvre 89 % des naissances au Québec², c’est plus de 71 000 employé(e)s qui quittent momentanément leur organisation pour s’occuper de leurs responsabilités parentales. 

Toutefois, on parle peu de cette période importante de transition en congé parental, qui a un impact majeur sur la vie des employé(e)s. En effet, le retour au travail est souvent vécu comme un grand chamboulement et une période qui demande beaucoup d’adaptation suite aux nombreux changements arrivant en même temps pour l’employé(e). Cette période est malheureusement très peu accompagnée dans les organisations. Selon le sondage 2021 Maternity Leave Experience Report3 de l’organisme canadien Moms at Work, 95% des répondantes affirment qu’elles n’ont reçu aucun accompagnement ou soutien formel de la part de leur employeur lors de leur transition (départ et retour) en congé parental. 

Considérant le manque de soutien des organisations envers les employé(e)s qui vivent une transition en congé parental, il n’est pas rare de voir un manque de compréhension de la réalité vécue par ces dernier(-ère)s pendant cette période. Afin de sensibiliser le plus grand nombre à l’importance d’accompagner leur personnel dans cette importante transition, nous souhaitons démystifier 5 mythes souvent associés au retour au travail après un congé parental. 

No 1. Votre employé(e) ne reviendra pas le même et ce n’est pas négatif. 

J’entends souvent les parents me dire à la suite de leur retour au travail, que leur gestionnaire et leurs collègues s’attendent à ce qu’ils soient les mêmes personnes qu’avant, qu’ils travaillent comme avant et même qu’ils reprennent leur travail comme s’il(-elle)s n’étaient jamais partis(e). Pourtant, pour l’employé(e) qui revient, pour la plupart du temps après une durée de 1 an, tout a changé. Sa réalité a pris un 180 degrés. C’est donc normal que la personne soit différente, et qu’elle doive travailler différemment d’avant. Par exemple, si celle-ci était toujours partante pour organiser des activités d’équipe, il se peut qu’elle ne le soit plus. Ce n’est pas nécessairement par manque d’intérêt, mais par priorisation de son temps, qui est maintenant beaucoup plus restreint qu’avant. Elle choisira ses priorités en fonction d'où sa contribution est la plus importante pour l’organisation. Et oui, elle n’aura pas le choix de renoncer à certaines choses qu’elle faisait avant, pour s’assurer d’un équilibre entre ses responsabilités professionnelles et familiales. Il arrive que les parents se fassent critiquer parce qu’ils sont différents d’avant (« on voit bien que la maternité t’a changé» ), alors qu’il est tout simplement normal et surtout nécessaire lors d’un retour au travail d’adapter ses priorités à sa nouvelle réalité. 

No 2. La disponibilité de votre employé(e) n’a aucun lien avec son engagement envers son travail. 

Un(e) employé(e) qui retourne au travail après un congé parental aura moins de disponibilité qu’avant. C’est un fait, c’est normal et ça n’a aucun lien avec son engagement envers son travail. La majorité des parents avec qui j’échange me disent à quel point ils ont hâte de retourner travailler, que leur emploi et que leurs collègues leur manquent et qu’ils ont hâte d’être stimulés autrement, intellectuellement. Pourtant, il est inévitable que leur disponibilité sera différente d’avant, maintenant qu’ils ont des routines et des horaires de garderie à respecter et des virus à gérer qui se pointeront trop souvent le bout du nez. Malheureusement, on confond encore la moins grande disponibilité au travail des parents par un manque d’engagement, alors que ce n’est pas du tout le cas. C’est seulement la réalité d’un parent-employé(e) qui doit concilier sa carrière et sa famille. Il est aussi impératif de réaliser que ce n’est pas la disponibilité d’un(e) employé(e) qui garantit son engagement ou sa performance. Donner son 100% au travail ne veut pas dire être 100% disponible. Donner son 100% au travail veut dire mettre à profit 100% de ses compétences, ses idées, son esprit d’équipe et de collaboration. Un parent employé est peut-être moins disponible, mais certainement pas moins engagé ni moins compétent. 

No 3. La gestion du retour au travail n’est pas la responsabilité unique de l’employé(e). 

Plusieurs parents me disent se sentir seuls à gérer leur transition lors de leur retour au travail suite à leur congé parental. Ces derniers sont souvent mis rapidement dans le bain ou sur de nouveaux projets, sans qu’un réel transfert de connaissances ou de responsabilités ne se fasse.  

« L'information sur mes suivis de dossiers me parvient au compte-gouttes, je n'ai pas de portrait global de tout ce qui est en attente. Ça me donne du mal à reprendre le contrôle et à me sentir valorisée. On n'a pas prévu mon retour et on me traite comme si je devais continuer là où j'ai laissé. »  

« Ça n'a pas été comme j'ai souhaité. Pas d'intégration. Peu de direction et de support, et j'ai été parachutée dans un nouveau mandat. Ça m'a vraiment démobilisée. » 

La gestion du retour au travail est une responsabilité partagée entre l’employé(e), le gestionnaire et l’équipe, afin de s'assurer que l'employé(e) ait le temps et les informations nécessaires pour se réapproprier son rôle et ses responsabilités, et se mettre à jour sur ses projets, ses clients et ses dossiers. D’ailleurs, le soutien du gestionnaire et des collègues a un impact crucial sur le succès du retour. N'oubliez pas qu'il y a beaucoup de choses qui changent en 6 mois, et encore plus en un an. La personne qui revient de congé parental n’est pas un(e) nouvel(le) employé(e), mais il revient dans une organisation qui a beaucoup évolué entre-temps. 

No 4. Un employé(e) qui n’exprime pas ses besoins ne veut pas dire qu’il n’en a pas. 

Les employé(e)s qui retournent au travail suite à un congé parental font face à plusieurs biais inconscients, dont le biais maternel : on associe que les femmes seront moins engagées dans leur travail lorsqu’elles deviennent mères. D’ailleurs une étude Harvard4 démontre que les mères sont considérées 12,1% moins engagées envers leur travail que les femmes sans enfant, et que les évaluations de compétences étaient 10% plus basses pour les mères comparées aux femmes sans enfant, et ce, parmi des candidates à compétences égales. Il est donc normal pour les mères lors de leur retour au travail d’essayer de ne pas faire de vagues, et pour plusieurs, cela signifie de ne pas demander de l’aide. Or, en faisant ainsi, plusieurs gestionnaires croient à tort que tout roule sur des roulettes pour leur employée. Il est donc nécessaire de proactivement avoir des conversations sur les besoins de l’employée à son retour, afin que celle-ci puisse confortablement les nommer. 

No 5. Le retour au travail n'est pas une transition de 2 semaines.  

Lors de l’arrivée d’une nouvelle recrue dans l’organisation, on parle souvent des 100 premiers jours ou des 6 premiers mois pour bien s’intégrer, prendre sa place et ses aises. Pour le retour au travail après un congé parental, bien qu’il ne s’agisse pas d'une nouveauté, on parle souvent de quelques semaines tout au plus. Pourtant, l’employé(e) devra intégrer beaucoup de changements en même temps, tels que : reprise de son rôle, nouvelles responsabilités / projets / clients, nouveaux collègues ou collaborateur(-trice)s, changements dans l’organisation, nouvelles façons de faire / processus de travail / systèmes / outils de travail, nouvelles routines. N'oublions pas que notre capacité d'adaptation a des limites. Et qu'on ne peut pas tout absorber en même temps. S'adapter à tous ces changements, ça prend du temps. La période d’adaptation suite à un retour au travail après un congé parental, ce n’est pas une question de semaines, c’est plutôt une question de mois. Il est important de considérer que les premières semaines suivant le retour au travail ne sont pas représentatives du plein potentiel de l'individu. C’est une transition.  

 

En résumé, le retour au travail suite à un congé parental est une période importante et charnière pour les employé(e)s qui la vivent. Un accompagnement et un soutien formel de l’organisation sont nécessaires pour en assurer le succès et la rétention de leur personnel. 

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¹Naissances et taux de natalité, Québec, 1900-2022, Institut de la statistique du Québec, https://statistique.quebec.ca/fr/produit/tableau/naissances-et-taux-de-natalite-quebec 

²Régime québécois d'assurance parentale - Le ministre Jean Boulet annonce une bonification des prestations pour les travailleurs à faible revenu bénéficiant du Régime québécois d'assurance parentale, 24 septembre 2021, https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/regime-quebecois-dassurance-parentale-le-ministre-jean-boulet-annonce-une-bonification-des-prestations-pour-les-travailleurs-a-faible-revenu-beneficiant-du-regime-quebecois-dassurance-parentale-34869

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